L’assemblée à la chapelle Saint Guillaume, au centre-ville de Saint-Brieuc.
Un matin doux et lumineux à Saint-Brieuc ce 6 juin 2019. Un matin pour faire mémoire d’un pari, d’un défi, d’une folie.
En ce 6 juin 1819, Gabriel Deshayes et Jean-Marie de la Mennais ont uni leur énergie dans ce « Traité d’union » célébrant leur amitié, leur fraternité, leur Alliance. L’objectif ? Sauver des enfants au moyen de l’éducation.
200 ans plus tard, le Conseil général des Frères a marqué cet acte fondateur lors de la célébration à Saint-Brieuc, en la chapelle Saint-Guillaume. Les prêtres du Chapitre Cathédral présidé par le Père Jean Hamon ont voulu communier à cet anniversaire, de même que les Sœurs de la Providence de Saint Brieuc et d’autres congrégations présentes localement.
Les Frères de la communauté de Saint-Brieuc en lien avec la Province Saint Jean Baptiste ont assuré de manière dynamique l’organisation de cette commémoration.
L’ESPRIT INVITE A PRENDRE DES RISQUES
« Je leur ai fait connaître ton nom : c’était le désir de Jésus de partager la connaissance de son Père avec ses apôtres a commenté le Père Hamon dans son homélie. Il connaissait leur générosité et leurs fragilités. (…) De tous temps l’évangélisation a été rude. Jean Marie de la Mennais s’est montré très actif et entreprenant et au cœur des urgences il a misé sur l’éducation et la formation des enfants et des jeunes. Rien n’est possible sans la présence de l’Esprit.
En deux siècles votre congrégation a été bousculée, elle a appris à s’adapter et à innover. Et ce même Esprit nous invite à prendre des risques, de la crainte à l’audace, de la crédulité à la foi, de l’individualisme à la fraternité. »
QUE NOS FONDATEURS NOUS BENISSENT !
De son côté F. Hervé Zamor, Supérieur général des Frères a rendu grâce. « Le petit grain de sénevé jeté en terre ici à Saint-Brieuc par Jean-Marie de la Mennais et Gabriel Deshayes est devenu un grand arbre qui a traversé l’épreuve du temps dont les branches et racines continuent à porter du fruit dans 26 pays sur les 5 continents.
Magnifique collaboration entre Jean-Marie de la Mennais et Gabriel Deshayes. Elle demeure pour nous aujourd’hui source d’inspiration qui peut donner fraîcheur et dynamisme, audace et créativité, sagesse et vision à notre apostolat. »
Nous demandons à nos fondateurs de nous bénir ! Qu’ils insufflent en nous leur confiance inébranlable en la Providence ! Qu’ils nous transmettent leur passion pour Dieu seul et leur tendre affection pour la Vierge Marie ! Qu’ils nous apprennent à avancer au large et à tout risquer à la suite du Christ ! »
UNE EXPO RETRACE L’ACTION DE JM DE LA MENNAIS DANS LE DIOCESE DE ST-BRIEUC
Une belle occasion de mieux connaître un releveur de ruines dans le diocèse de St-Brieuc. Tel est l’objectif de l’exposition inaugurée ce jeudi 6 juin.
Odile Cherdo, responsable de l’animation de la Maison diocésaine St-Yves à Saint-Brieuc et F. Bob Léaustic, supérieur de la communauté des Frères à Saint-Brieuc ont présenté le travail réalisé avec le concours de Maud Hamoury, responsable de la médiathèque à la maison St-Yves et de Sr Huguette Provost, supérieure générale des Sœurs de la Providence.
14 panneaux présentent l’action du Père de la Mennais dans le diocèse de St Brieuc et Tréguier. Repères historiques, fondation de deux congrégations, ouverture d’écoles, spiritualité, action pastorale, réalités des deux congrégations aujourd’hui : autant de thèmes bien documentés. La reconstitution du bureau du Père de la Mennais ajoute à l’intérêt.
Prêtre malouin, vicaire général du diocèse de Saint-Brieuc, puis vicaire capitulaire à la mort de Mgr Caffarelli, Jean-Marie de la Mennais relança la vitalité du diocèse entre 1814 et 1821 par des retraites, des missions, la réconciliation du clergé, l’éducation de la jeunesse désoeuvrée.
Présent sur tous les fronts, il contribua à redonner aux prêtres la foi dans leur mission et aux fidèles, le désir de retrouver la pratique religieuse.
Pratique. Cette exposition est présentée à la Maison St-Yves, 81 Rue Mathurin Méheut à Saint-Brieuc du 6 au 22 juin de 9h à 18h.
Elle sera ensuite destinée à circuler dans différentes paroisses et établissements scolaires du diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier où la présence du Père de la Mennais a été importante.
J-M DE LA MENNAIS RENOVATEUR ET FIGURE INCONTOURNABLE
Samuel Gicquel, maître de conférences à Rennes 2 a souligné lors d’une intervention vendredi 7 juin à Saint-Brieuc, combien Jean-Marie de la Mennais avait déployé une « activité extraordinaire » avec des talents d’organisateur. Auteur d’ouvrages et d’articles, doté d’une expérience sur plusieurs diocèses bretons, sa figure est singulière et « son destin original pour le XIXème siècle. »
Devant un public fourni – une centaine de participants- à la médiathèque de la Maison diocésaine St Yves, en présence de Mgr Moutel, évêque de St Brieuc et Tréguier, le conférencier a présenté différentes étapes de la vie du Père de la Mennais dans le diocèse. Il a commenté les années où il fut administrateur diocésain de 1814 à 1821, tour à tour, secrétaire de Mgr Cafarelli, vicaire capitulaire de 1815 à 1819 et vicaire général de Mgr de la Romagère.
Au fil de ces années, citons son action pour ouvrir deux nouveaux petits séminaires à Tréguier et Plouguernével, son souci d’améliorer le niveau des fidèles et des prêtres, l’action menée pour la restauration des congrégations anciennes et bien sûr la fondation des Filles de la Providence et des Frères de l’Instruction Chrétienne.
Plusieurs aspects singuliers émergent de son action : l’accent porté sur le choix des hommes, son sens de l’économie pour développer des projets -il sait trouver des ressources- son talent d’orateur et son sens de la stratégie – il ouvre une école prioritairement là où il existe un projet d’école mutuelle- et sa défense aigue de la liberté de l’enseignement.
Samuel Gicquel a parlé d’héritage mennaisien dans le Diocèse de St Brieuc, après le départ du Père de la Mennais à Ploërmel, dès 1824 pour assurer le développement de la congrégation des Frères. Outre le suivi des deux congrégations – les Sœurs et les Frères – la création d’écoles a continué de manière active, le clergé du Diocèse s’est impliqué de manière beaucoup plus forte qu’ailleurs en Bretagne dans un soutien au Pape – selon les vœux du P. de la Mennais- et l’arrivée de Mgr Le Mée comme évêque souligne son impact –il fut en quelque sorte le « fils spirituel » de JM de la Mennais.
Lors des échanges avec la salle, plusieurs intervenants ont souligné aussi d’autres accents de Jean-Marie de la Mennais, notamment celui porté sur la vie spirituelle avec l’organisation de retraites.
Présent lors de la conférence, Christian Daniel, maire adjoint chargé de la culture a commenté la décision de la municipalité de voir l’espace La Mennais, propriété de la ville – et ancienne chapelle de la Maison-Mère des Filles de la Providence – d’être utilisé comme « tiers lieu » significatif au cœur de la ville pour des projets avec les jeunes.