Cet article reprend en partie l’interview par Isabelle Légaré, Le Nouvelliste
CHRONIQUE : «Est-ce que ça paraît que j’ai 106 ans?» En posant la question, Roger Leblanc rit de bon cœur et dépose son chapelet. « Je viens justement d’en terminer un », dit-il avant de se lever de son fauteuil pour agripper son déambulateur, sortir de sa chambre et marcher à bonne vitesse dans le corridor.
Je savais qu’il fallait parler plus fort en sa compagnie, mais personne ne m’avait prévenue que je devais également accélérer le pas pour le rattraper…
Roger Leblanc est né le 30 novembre 1918, soit 19 jours après la fin de la Première Guerre mondiale. « Je dis toujours que j’ai apporté la paix », souligne-t-il en souriant.
Il n’existe pas de registre pour certifier l’exploit, mais l’homme d’un âge plus que vénérable détient vraisemblablement un record qui le rend très fier et qui l’amuse à la fois.
Son histoire est sans contredit digne de mention.
Le centenaire est le dernier d’une famille de 11 enfants dont les six premiers sont décédés avant sa naissance, emportés, raconte-t-il, par une maladie infectieuse dont la source était de l’eau contaminée. Trois des cinq enfants survivants, dont lui, ont choisi la vocation religieuse.
De sa chambre de la Maison Saint-Joseph, le vieil homme a une vue imprenable sur le paysage d’hiver entourant le Moulin seigneurial de Pointe-du-Lac, à Trois-Rivières. Roger Leblanc avait 12 ans la première fois qu’il a mis les pieds au juvénat des Frères de l’instruction chrétienne. Il y est resté jusqu’à l’âge de 18 ans, au moment d’amorcer sa carrière en éducation qui s’est étirée sur 45 années.
Sa mémoire des noms et des dates a de quoi faire des envieux. Son visage rayonne en énumérant les écoles où il a soit enseigné, soit été directeur. Trois-Rivières, Louiseville, Dolbeau, Arvida, Chandler, Amqui, Alma, Saint-Prime… J’en oublie sûrement, contrairement à celui qui a marqué des générations d’élèves.
Le frère Roger Leblanc était reconnu pour être « bon, mais très exigeant », relate-t-il en leur donnant raison: « Ce que je demandais, je voulais l’avoir. »
L’homme est visiblement heureux de remonter le temps et d’expliquer pourquoi de petits avions sont suspendus au plafond de sa chambre.
« J’ai été pilote pendant 27 ans, j’avais même mon propre appareil.»
C’était un avion Cessna avec lequel il aimait particulièrement voler durant la nuit. « J’étais seul dans l’espace, parmi les étoiles », décrit le religieux, le regard brillant.
Sa passion pour l’aviation remonte à l’enfance, lorsque le petit Roger accompagnait son père à l’aéroport de Lac-à-la-Tortue où l’usine Laurentide remisait ses propres appareils.
Le frère Roger Leblanc coule des jours heureux à la Maison Saint-Joseph de Pointe-du-Lac, à Trois-Rivières. (Stéphane Lessard/Le Nouvelliste)
D’humeur joyeuse dès l’instant où il a ouvert les yeux, Roger Leblanc s’est pratiquement levé d’un bond pour se prêter à la séance vidéo avec une vigueur, ma foi, insoupçonnée.
Le cadeau reçu pour ses 100 ans, en 2018, n’est sûrement pas étranger à son allure digne et assurée. Il n’y a pas d’âge pour bénéficier d’une chirurgie de remplacement de la hanche. Roger Leblanc profite à plein régime de cette prothèse qui améliore sa qualité de vie et, de facto, la prolonge.
« Ce qui me fait vivre, c’est la prière.»
Chaque jour que le Bon Dieu amène, le frère se réveille à 3 h 45 pour dire son premier de trois chapelets récités dans sa journée. Comme sur la photo coiffant cette chronique, il fait glisser entre ses doigts l’objet de dévotion qui, à son exemple, résiste au temps qui passe.
Lors des 100 ans du F. Roger, à Pointe-du-Lac.
« Je prie avec une grande ferveur. C’est comme si je voyais le ciel. »
Dès son réveil, Roger Leblanc descend à la chapelle où il médite en attendant l’arrivée des autres membres de sa communauté. C’est même lui qui prépare le café du père Béland qui célèbre la messe de 7 h 30.
« Pourriez-vous prier pour moi? », lui demande-t-on parfois. Le frère centenaire le fait tout naturellement, sans chercher à connaître l’intention derrière cette demande spéciale.
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Se souvenir des 103 ans du F Roger :>>>
Aujourd’hui, quels sont les doyens de la Congrégation ?
LE BLANC Roger né le 30/11/1918 ; Canada ; communauté : Pointe-du-Lac
MATTE Marcel (Eugène) né le 05/07/1923 ; Canada ; communauté : Laval
DESSUREAULT Normand né le 03/03/1924 ; Canada ; communauté : Laval
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F Marcel MATTE |
F Armand DESSUREAULT |
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PICHARD François né le 20/07/1926 ; France ; communauté : Josselin |
LEDUC Roland né le 16/02/1927 ; Canada ; communauté : Laval |
ORE Hubert né le 06/12/1927 ; France ; communauté : Josselin |
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VIDELO Joseph né le 08/11/1928 ; France ; communauté : Josselin |
LESOUEF André né le 21/03/1929 ; France ; communauté : Josselin |
LECOINTRE Vincent né le 11/02/1930 ; France ; communauté : Josselin |