Nouveau. Un livre de poche sur Jean-Marie de la Mennais
Frère Jean-Pierre. « On ne sort pas indemne d’une telle rencontre ! »
Inédit ! Jean-Marie de la Mennais se raconte pour la 1ère fois. Il a pris la plume pour relire son parcours mais plus encore ouvrir des horizons, livrer le cœur de sa vie, son testament. Et il raconte dans ce livre de poche comment la détresse éducative a bouleversé sa vie au point de la transformer radicalement et de devenir fondateur. Offrez ce livre, ouvrez ce livre, parlez de ce livre : c’est un feu et une source à la fois !
Rencontre avec F. Jean-Pierre Le Rest, auteur de « Jean-Marie de la Mennais –Carnet de bord d’un fondateur » qui vient de paraître en version française et en version espagnole. La version anglaise est en cours de bouclage. F. Jean-Pierre est enseignant en philosophie et animateur pastoral. Il a accompagné des groupes de jeunes et d’adultes en Bretagne, Polynésie et Haïti où il est actuellement. Questions directes à l’auteur avec des expressions interpellantes et décoiffantes !
En quoi ce travail t’a-t-il marqué et interpellé ?
« Impossible pour moi de sortir indemne d’un tel travail ! J’ai été impressionné par le réalisme de Jean-Marie de la Mennais: il prend les choses, les personnes, les circonstances comme elles sont et réagit de façon très concrète.
J’ai été touché par l’importance qu’il accorde à l’amitié et par la perspective qui l’habite de la vie après la mort: la vie humaine est courte, précieuse, aussi faut-il la remplir d’amour. Au fur et à mesure que je rédigeais ces pages, je me sentais appelé à plus de vérité et de fidélité à mon baptême et à mes vœux. »
Comment ce parcours de vie peut-il être source de joie pour aujourd’hui ?
« Constamment affronté à toutes sortes de problèmes, il trouve une joie durable et communicative dans la certitude de la présence de Dieu qui l’aime. Il l’expérimente comme résultat de sa recherche du bonheur pour ses frères et sœurs en humanité. J’ai été touché aussi par son humour, en particulier dans les lettres à ses amis. »
En quoi ce parcours de Jean-Marie de la Mennais peut-il rejoindre les préoccupations des jeunes d’aujourd’hui ?
« Jean-Marie de la Mennais fait confiance aux jeunes : il ose envoyer dans les premières écoles des Frères qui avaient à peine la vingtaine.
Il sait que les jeunes aiment qu’on leur propose un idéal élevé avec des défis à relever. Il leur demande de lutter de toutes leurs forces, contre les pauvretés multiformes en proposant des moyens pour s’en sortir. Il les invite à mener une vie simple.
Il leur demande d’agir ensemble, dans leur propre pays mais aussi par-delà les frontières. Il veut leur faire connaître et aimer un Dieu qui a pris visage d’homme. »
Pratique. « Jean-Marie de la Mennais. Carnet de bord d’un fondateur »
Livre de poche de 200 pages.
A commander auprès du Frère Provincial ou du Frère Visiteur
L’équipe de réalisation de l’ouvrage était composée de F. Jean-Pierre Le Rest, auteur, F. Louis Balanant, chargé des sources historiques et Michel Tanguy, directeur de l’information. Remerciements aux traducteurs en langue espagnole : F. Mariano Gutiérrez et en langue anglaise : FF. James Hayes et Claude Beauchesne.
Dans l’élan de ce livre F. Jean-Pierre interpelle les jeunes
« Tu veux être heureux et réussir ta vie ? Partage-là ! »
Frère Jean-Pierre, as-tu identifié 3 ou 4 questions centrales de jeunes aujourd’hui qui les préoccupent dans la construction de leur vie ?
Je crois que les grandes questions que des jeunes se posent aujourd’hui, quand ils acceptent de se les poser et ne s’en détournent pas sont les suivantes :
Quel monde nous attend, dans quel monde allons-nous nous engager ?
- Est-ce qu’un amour durable est possible ?
- Trouverai-je du travail ? Et aussi : combien gagnerai-je sans « trop travailler » ?
- Les religions ne sont-elles pas source de violence ? Qu’est-ce que ça change de croire ?
Il y a aussi des questions qu’ils ne se posent pas forcément et sur lesquelles nous pouvons les interpeller:
- Suis-je convaincu que je peux apporter ma contribution à ce monde pour qu’il soit meilleur ?
- Etant donné ce que je suis, quelle doit être cette contribution pour faire avancer ce monde ?
- Si je ne m’engage pas, qui fera à ma place ce qui me revient ?
- Est-ce que j’ose me poser ces questions quand je réfléchis sur mon orientation ?
Quelles sont les sources d’inspiration proposées par JM de la Mennais pour grandir dans une vie de jeune aujourd’hui ?
Il est bon de penser au sens de ce mot inspiration : ce mot évoque le souffle, un souffle qui entraîne. Le souffle, c’est la vie. On dira de quelqu’un qu’il a du souffle. On dira d’un auteur qu’il est inspiré, que son œuvre a du souffle.
On parle aussi des inspirations de l’Esprit-Saint, c’est-à-dire des suggestions qu’il nous fait discrètement et qui sont toujours de l’ordre de la nouveauté. A l’origine de tous ces mots le latin « spiritus ».
Nous constatons, en regardant notre propre vie, que certaines personnes nous ont entraînés comme un souffle aspirant, vers le haut.
Tel a été Jean-Marie de la Mennais pour les Frères qu’il a lancés dans la vie et tel il demeure !
- Il propose aux jeunes de se laisser inspirer par les saints et les héros qui ont fait et font encore avancer le monde. Plus que les idées, ce sont des personnes qui changent les choses, qui changent la vie sociale, qui inspirent le progrès.
- Il nous propose d’écouter le souffle de notre monde qui, en bien des domaines, peut s’essouffler.
- Il propose aux jeunes, comme le pape François, de se mettre à la suite du Christ, une suite exigeante, certes, mais qui peut changer ce monde.
Pourquoi JMLM peut-il être un point d’appui pour aider un adolescent ou un jeune adulte à se construire ?
Tout d’abord parce qu’il a été un homme comme nous, avec une famille qui n’était parfaite, dans un contexte socio-économique déterminé qu’il a voulu améliorer.
Ensuite, parce que le récit de sa vie est inspirant. Enfin, par son réalisme : il n’a pas gémi sur son temps. Il l’a regardé bien en face, il l’a pris à bras le corps. Il a fait progresser de façon remarquable la société de son temps par l’éducation de la jeunesse.
Nombre de jeunes cherchent des boussoles, des points de repères, des phares. Comment JMLM peut-il leur parler ?
En écrivant son carnet de bord, Jean Marie s’est en effet souvenu que, souvent, il a fait le point pour guider sa vie en tenant compte des signes et des signaux.
On peut répondre à une telle question de deux façons. Soit en se demandant comment il parlerait aux jeunes, soit en s’interrogeant sur le contenu de ce qu’il leur dirait.
Il leur parlerait de façon directe et sans détour en osant leur poser des questions qui dérangent et que l’on n’ose pas toujours leur poser, peut-être parce que l’on a peur de se faire mal voir.
Il lui arrivait de dire aux jeunes : si l’on vous dit clairement un certain nombre de choses, vous ferez l’expérience de cet aveugle-né qui découvre tout d’un coup un monde qu’il ne connaissait pas et qui, bien entendu, s’en émerveille. Il leur dirait :
- Si vous saviez à quel point Dieu vous aime, plus que vous-mêmes, qui que vous soyez et quel qu’ait été votre passé !
- Ce que Dieu aime en vous, c’est ce que vous avez envie de devenir.
- Vous avez une mission à remplir en ce monde : c’est cela qui donne sens à votre vie.
- Rien n’est écrit d’avance, c’est à vous d’inventer votre chemin !
- Ne vous laissez pas immobiliser ni enfermer par vos smartphones : vivez dans le monde réel !
- Retrouvez la beauté du travail manuel et si tel est votre métier trouvez-y votre bonheur.
Comment pour un jeune développer et grandir dans une vie intérieure et/ou spirituelle aujourd’hui ? Sur quoi s’appuyer ? Quels conseils ?
Parler de la vie intérieure, ce n’est pas l’opposer à la vie extérieure. Au contraire ! Mais il faut bien reconnaître que la société actuelle conduit les jeunes à vivre à l’extérieur d’eux-mêmes. Ils expérimentent ce que Saint Augustin, racontant son histoire personnelle, disait en relisant la période de sa vie qui fut remplie par les divertissements : « Tu étais au-dedans de moi-même et moi j’étais en dehors de moi-même et c’est en ce dehors que je te cherchais. »
Il y a urgence à développer aujourd’hui chez les jeunes le sens de l’intériorité. Non pas seulement comme le font tous ceux, de plus en plus nombreux, qui cherchent à en faire l’expérience par le yoga et d’autres pratiques semblables. Dans ces moments de calme, de recueillement, il ne s’agit pas seulement de se retrouver soi-même, ce qui est déjà quelque chose, mais aussi de découvrir une présence en l’intime de soi, celle de Dieu.
Les paroisses et les écoles doivent proposer aux jeunes de vivre de telles expériences. De même que les groupes où ils peuvent s’insérer.
Il n’est pas si difficile d’apprendre aux jeunes à prier à partir de l’Evangile ou à partir de textes forts. Je pense par exemple au livre « Youcat, jeunes, prière », qui me paraît remarquable en ce sens.
Lors des nombreuses retraites d’enfants qu’il animait, Jean-Marie de la Mennais s’émerveillait de voir comment les enfants étaient capables de telles expériences d’intériorité.
Comment un jeune peut-il expérimenter un chemin d’interrogation -qui peut devenir chemin de foi ou non- au sein d’une école La Mennais ?
Pour commencer, on ne peut que rappeler certaines évidences :
- On ne désire que ce que l’on connaît.
- La foi, comme dit Saint Paul, naît de l’écoute de la parole de Dieu
- Au sein d’une école mennaisienne, l’interrogation naît d’abord de l’ambiance qu’on y fait régner :, travail sérieux, vie en commun, responsabilisation des jeunes, relations de qualité entre les éducateurs et les jeunes.
- Le témoignage des « maîtres » est la première source d’interrogation pour les jeunes. Qu’en est-il de cette préoccupation ?
- Jean-Marie de la Mennais comprendrait difficilement que l’on n’annonce pas explicitement Jésus-Christ dans des écoles qui appartiennent à ce que l’on appelle précisément le réseau mennaisien. Il nous demande de « publier Jésus-Christ » : la publicité saurait-elle mieux y faire que nous quand elle sollicite les jeunes de toutes les façons ?
- Il faut donc des personnes qui osent annoncer la parole de Dieu.
- Il faut des temps et des lieux où celle-ci puisse être dite et entendue.
Si JM LM avait à parler au cœur d’un jeune aujourd’hui il lui dirait quoi ?
Il lui dirait :
- Tu veux être heureux et réussir ta vie ? Donne-la, offre-là, partage-là ! Quel que soit son choix de vie, célibataire ou marié, seul l’égoïste rate sa vie.
- Ne proteste pas contre le monde actuel, si tu n’es pas décidé à contribuer à le changer. Je suis d’accord avec le pape François quand il vous dit : Les jeunes, ne restez pas au balcon à observer ce qui se passe! Agissez !
- Apprends à aimer. S’il y a aujourd’hui tant de violence, si tant de couples se séparent, c’est parce les êtres ne savent pas aimer. Apprends à aimer, c’est-à-dire à faire passer l’autre avant toi.
- Sans l’aide de Jésus, tu auras beaucoup de mal : ce qui compte, c’est le changement de ton regard. Il faut que tu puisses regarder tout homme comme Jésus le regarde.
- Imposez-vous de l’exercice physique. Sinon, quelle santé aurez-vous à 50 ans ?
Si JMLM était avec nous aujourd’hui il serait quoi, il vivrait quoi ?
- Il vivrait dans l’intimité du Christ en se demandant à tout instant : « Jésus, si tu étais mes côtés actuellement, que ferais-tu ? »
- Il interrogerait vigoureusement les jeunes sur ce qui fait la qualité d’une vie : l’accumulation des richesses ou le sentiment de faire ce pour quoi on est fait ?
- Il redirait aux jeunes la valeur du travail manuel et en ferait découvrir la beauté.
- Il oserait poser aux jeunes des questions très directes sur leur vocation et sur la vocation à la vie consacrée : « Ne penses-tu pas que Dieu t’appelle ? »
- Il entraînerait les jeunes au service des pauvres de notre temps. C’est une expérience unique qui ouvre les yeux sur le monde réel et conduit à relativiser ses propres problèmes.
Et il serait présent et actif comment et auprès de qui ?
- Il serait présent auprès de ses Frères, les religieux et les encourageraient à poursuivre leur tâche de service.
- Il soutiendrait les jeunes et adultes qui partagent son projet éducatif et les ferait s’émerveiller devant la grandeur de leur vocation.
- Il multiplierait les groupes, peut-être aussi par facebook, qui permettent aux jeunes de se rencontrer, de partager leur vie, de se soutenir mutuellement.
- Il pousserait aussi l’Enseignement Catholique à creuser, enrichir et à vivre pleinement son âme. »