Juliette Le Roux portant la maquette de la statue en béton cellulaire et Xavier Tanguy découvrant des publications sur Jean-Marie de la Mennais.
« Réaliser cette statue de Jean-Marie de la Mennais fut une vraie aventure » commente avec enthousiasme Xavier Tanguy, sculpteur résidant à Sibiril et auteur de 8 statues sises à la Vallée des Saints à Carnoët, en centre Bretagne, France. Aidé de Juliette Le Roux, illustratrice, ils ont eu un mois pour mettre au monde cette création unique, lors du temps de confinement d’avril-mai 2021. Sans information particulière sur le personnage, ils ont effectué des recherches et très vite orienté leur travail vers des éléments forts : un oiseau symbole du voyage et de l’international qui porte Jean-Marie de la Mennais fondateur d’écoles qui elles-mêmes portent les enfants. Récit de la naissance d’une œuvre d’exception.
« Ce qui nous a plu quand nous avons démarré nos recherches, assure Xavier Tanguy, c’est de voir que Jean-Marie de la Mennais a un rapport avec la mer, par son père armateur à St-Malo et qu’il a été un créateur d’écoles. J’ai pensé tout de suite à un oiseau. Cet oiseau, un fou de bassan, est bien plus grand en taille que Jean-Marie de la Mennais qui met ses bras autour de lui et qui est transformé par cela. Il le porte sur son dos. »
Du mystère et du magique
Le bloc de 22 tonnes de granit rose lors de sa livraison.
Au démarrage du chantier, à la livraison du bloc brut de 22 tonnes de granit rose venant de Perros-Guirec, le sculpteur constate d’emblée un fil dans la pierre, c’est-à-dire une fissure qui pouvait empêcher la réalisation de la statue. « Il a fallu s’adapter et au final la statue pèse 11 tonnes pour une hauteur de plus de 5 mètres. Et les effets du granit rose plus tendre que le granit classique donnent lieu à des couleurs avec un ciselage, un polissage et un éclaté très variés ».
Comment ne pas parler alors du bleu des yeux de l’oiseau ? « Cette pierre était stockée à l’atelier venant sans doute d’Amérique latine ou d’Afrique, explique Xavier Tanguy. Or, c’est ce bleu-là que nous voulions. Du bleu, du rose, du noir : nous avons fait confiance aux coïncidences. »
Les premières esquisses des dessins du fou de bassan par Juliette Le Roux.
Dès le départ, l’inspiration commune ayant été ajustée entre les deux artistes, Juliette Le Roux a conçu de multiples dessins avant de réaliser une maquette en argile, puis une représentation en béton cellulaire, à l’échelle de 1/10ème. C’est cela qui a permis ensuite d’exécuter les cotes en dimension réelle.
« Saint ? Nous le nommons comme tel ! »
Corps à corps entre la pierre, l’homme et la machine.
« Nous n’avons pas voulu représenter un personnage déjà réalisé ailleurs, cela ne nous parlait pas. Nous voulions lui donner un côté mystère, recréer une légende et du magique. Seul son visage est représenté. Ce visage c’est aussi Jean-Marie de la Mennais rêveur de voyages depuis son enfance », poursuit Juliette Le Roux.
« Réaliser une telle œuvre demande une énergie folle, explique l’illustratrice, assistante et collaboratrice. Tout cela est très beau. Des êtres surgissent de la main des sculpteurs. »
Aux pieds de la statue, la mention…
Aux pieds de la statue, sous les pattes de l’oiseau, nous lisons la mention saint Jean-Marie de la Mennais. Saint, vraiment ? Les deux artistiques sont surpris quand ils apprennent au cours de l’échange ici qu’il n’est pas déclaré saint par l’Eglise pour le moment même si des démarches sont en cours depuis bien longtemps. « Nous ne le savions pas. Mais, nous le nommons comme tel ! ».
« Ce qui est important c’est que les enfants spécialement puissent l’imaginer à partir de là, que son histoire soit source d’inspiration. Nous avons voulu contribuer à la suite de La Mennais pour aujourd’hui, avec notre version. Nous sommes heureux de voir que ces réalités continuent avec des écoles dans les pays. Avec une statue, nous ajoutons des symboles. »
Un élan vers le futur
Le créateur d’écoles est porté par l’oiseau et donne aussi un élan aux enfants.
Symbole encore, la statue regarde vers la mer et le coucher du soleil et l’oiseau s’élève tel un clocher d’église, installé en haut à l’arrivée sur le site. « Cela lui donne un élan vers le futur et elle est orientée en direction de Cléder, sourit Xavier Tanguy, « là où des Frères la Mennais ont enseigné et tout proche de Sibiril où je suis installé ».
Fait particulier, le mécène principal qui a financé la statue – d’un coût de 15 000 euros – n’a pris aucun contact avec les deux artistes, ni avant, ni depuis et ces derniers ne connaissent nullement son identité sinon qu’il serait installé en Nouvelle Zélande. Xavier Tanguy suggère : « Peut-être est-ce un ancien élève des écoles La Mennais ? Je ne sais. » Le site de la Vallée des saints précise de son côté qu’il y a eu plusieurs donateurs et mentionne des remerciements pour la famille Bergé.
A présent Xavier Tanguy s’investit dans la reprise d’une ferme dans le Léon en même temps que des projets de production de pizzas. Après avoir réalisé 8 statues à la Vallée des saints – site totalisant à présent 130 réalisations sur place – la création de sculpture n’est pas abandonnée pour lui mais ne sera plus aussi active pour le moment. Juliette Le Roux quant à elle poursuit ses multiples créations de fresques avec les enfants et les jeunes dans les écoles, ses dessins dans des livres et des animations artistiques.
La statue regarde vers la mer et le coucher de soleil. Et l’histoire de Jean-Marie de la Mennais continue aujourd’hui.
Le 31 mai dernier, la statue naissait dans sa forme définitive.
Alors que durant tout le chantier elle était allongée, elle fut levée vers le ciel pour la première fois et… pour l’éternité !
Pratique
Travaux de Xavier Tanguy – Suivi de réalisation comme créateur ou assistant des statues des saints :
Brandan – Brendan, Guen, Gwenn, Konan – Conan, Nikodem – Nicodème, Tudeg – Tudec, Uzeg – Uzec, Jean-Marie de la Mennais
Travaux de Juliette Le Roux http://www.julietteleroux.com/
La Vallée des Saints – Quenequillec, Carnoët, Côtes d’Armor (22)
